Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
L’HOMME À L’HISPANO

faisait plus belle. Des perles parfaites, un peu trop grosses peut-être, entouraient son cou. Une robe légère et brodée laissait voir ses bras que le soleil avait dorés. Elle était elle-même un être rayonnant ; quand elle souriait, on voyait sous ses lèvres sensuelles une extraordinaire lumière.

Près d’elle, son intime, Pascaline Rareteyre, était une brune du pays, de bonne naissance. Sans doute elle se consolait trop souvent d’avoir perdu M. Rareteyre, mais elle était indépendante et elle avait tant d’esprit et de bonté qu’on lui montrait de l’indulgence.

— Personne, dit-elle en constatant la solitude de l’endroit.

— Il va venir, répondit Stéphane avec calme. Il doit être, comme hier, chez le fleuriste. Il choisit lui-même les roses.

Elle ajouta avec un sourire déjà heureux :

— Et il ne charge pas son chauffeur de les porter…

— C’est une aventure admirable, s’exclama Mme Rareteyre… Te rappelles-tu Shakespeare ? Juliette entre ; Roméo se trouve en face d’elle. Pas un mot, et c’est fait ; l’amour les a scellés.

— C’est une belle histoire, murmura doucement Stéphane.

Elle regardait vers le dehors, impatiente qu’il vint. Elle ne voyait que la petite place déserte, solaire. À son tour, elle s’assit prés de son amie qui la taquina :