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l’homme à l’hispano

dit, sous le nez, avec une joie hideuse et en appuyant sur les mots comme pour l’en écraser :

— Vous êtes riche. Mais il faudra parler, avouer… et, elle, entendre.

Ils restaient l’un devant l’autre sans se frapper, liés par la haine, si proches qu’ils formaient un groupe. Ensemble, soudain, il tressaillirent : ils comprirent que Stéphane allait entrer. Leurs insultes, leur frénésie s’étaient échappées d’eux avec une violence si retenue qu’ils savaient qu’elle n’avait rien entendu de leur combat. Ils savaient aussi qu’elle était incapable d’écouter derrière une porte. Dewalter fit un travail surhumain pour redonner le calme à son visage. D’un bond de singe, Oswill avait pris du champ.

Comme un acteur prodigieux, elle le trouva bonhomme au milieu du salon. Il l’accueillit :

— Vous voilà ?… Nous avions justement fini, M. Dewalter et moi.

Il les contempla l’un après l’autre, avec bonté :

— Vous voyez, cela s’est très bien passé… Adieu.

Elle fit un pas vers lui. Elle était reconnaissante, délivrée, et sa rancune d’autrefois s’apaisait. Elle demanda :

— Je ne vous reverrai pas, Oswill ?

— Non, répondit-il.

Dans son cœur, ravagé dé fureur, il y avait tout un remous. Mais la joie de ce qu’il faisait lui donnait la faculté de sourire. Il dit :