Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
l’homme à l’hispano

Dewalter s’approcha de lui. Il avait l’air d’un condamné qui voit les fusils, mais lui-même va baisser le bras. Il continua :

— Regardez-moi bien. J’ai votre parole, vous vous taisez. Vous avez la mienne, je pars. Cette nuit, cette nuit même, avant une heure… Je pars.

Il précisa, immobile :

— Je disparais….

Oswill en eut un haut-le-corps. Ils avaient les regards croisés jusqu’à la garde et l’Anglais, sur son rival, vit la mort.

Il dit lentement :

— Je vous crois.

— Vous avez raison, répondit Dewalter simplement.

Après un temps, il ajouta avec un luxe de gouaillerie ;

— Vous ne me demandez pas où je vais ?

— Ça m’est égal, dit le mari. L’important c’est que vous ne reviendrez pas.

Il y avait en lui un extraordinaire remous de pensées. Sa haine triomphait, mais il était humilié. En même temps, pour la première fois de sa vie, il admirait.

Il s’en alla.

Sur la porte, il se retourna et il ne fut pas sans noblesse :

— Je vous salue, monsieur Dewalter, dit-il. Vous avez ma parole. Je ne dirai rien… Vous pourrez disparaître en paix.