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l’homme à l’hispano

Stéphane. J’ai vécu ici vingt jours, vous comprenez ? Elle aura de moi ce souvenir.

— Malheureux !

Montnormand, maintenant, comprenait mieux. Il eut la force d’échapper à l’étreinte. Et il entendit bien les derniers mots :

— Malheureux ? Non. J’ai été, deux mois, un prince et un amant.

Son ami bondit vers lui :

— Et elle ? cria-t-il.

Pour la première fois, la voix de Georges trembla :

— Elle ! dit-il… Ah ! si je pouvais lui épargner une douleur ! Mais ça, je ne peux pas. À Paris, il m’était possible de partir. Je l’ai fait. Stéphane n’avait rien changé de sa vie. Elle est revenue. En revenant, elle m’a tué. Aujourd’hui, nous sommes liés. Et si je pars, je fuis. Elle se trouverait seule, avec cette pensée : « Il m’a quittée… il ne m’aimait pas. » Ou bien elle apprendrait… Je ne veux pas ! Mais si en pleine joie… un accident…

Il était toujours assis. Il avait légèrement levé la tête. Il regardait devant lui. Sur son visage, on voyait surgir par degrés, et à mesure qu’il parlait, sa merveilleuse frénésie…

— Fou…, fou…, répétait Montnormand d’une voix haletante.

Dewalter raisonna :

— Mais non. Je pars, je fuis, j’ai cette lâcheté :