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L’HOMME À L’HISPANO

des hommes volontiers l’eussent volée à son mari ; partout, à Paris, à Londres, à Rome, voire à New-York, elle eût passé pour proie enviable et mieux encore dans ces rendez-vous de plaisirs faciles et d’excitations courtes que sont les villes d’eaux à la mode. Combien de ces aventures dorées ? N’ayant point de lendemain, elles ont souvent un surlendemain : les amoureux s’en vont, se dispersent, mais reviennent de saison en saison, comme des oiseaux de passage. Les grandes habituées de l’adultère, libres et mariées, indépendantes et sensibles à un bijou qui marque une date et un souvenir, deviennent l’un des attraits les plus puissants de la station où elles exercent leur fantaisie. William Meredith avait toutes les chances d’être un mari sans restrictions. Mais lady Oswill, dans une société aussi ouverte, restait la plus scellée de toutes les femmes. Nul jamais ne l’avait vue se baigner sur la plage resserrée où, ruisselant et nu dans le maillot collant, parmi les hommes, également exhibés, le tout Biarritz féminin s’étale au soleil comme un troupeau. Cela déjà était remarquable ; mais bien d’autres choses encore : jamais on ne l’avait rencontrée sur la route de la Barre, ou vers Hendaye, ou ailleurs, à l’heure où l’on est chez sa couturière. Oncques ne se rappelait-on l’avoir surprise, se cachant. Elle était parfaitement pure, et seul, le mari tatoué, le gentleman aux yeux bicolores, savait ce qu’elle était au lit.