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L’HOMME À L’HISPANO

— Donnez-moi un gin, voulez-vous ?

— Vous êtes un numéro, proclama Laberose.

Oswill le regarda gentiment de son œil de sanglier :

— Le destin est une loterie, mon ami. Nous sommes tous des numéros. Seulement, il y a beaucoup de zéros !

Il lui tapa le coude et consentit à ajouter avec bonhomie :

— Je ne dis pas ça pour vous.

On ne sait ce qu’il allait encore proférer quand, brusquement, il s’arrêta. À l’autre extrémité de la pâtisserie, il venait d’apercevoir Dewalter qui, à moitié tourné et toujours pensif, ne s’était pas rendu compte qu’un nouveau consommateur pérorait. Oswill, dès qu’il le découvrit, resta immobile comme un chasseur qui voit le gibier.

Il murmura :

— Oh ! par exemple ! Eh bien, je suis étonné…

— Qu’est-ce que vous avez ? demanda Cinégiak.

— Rien, répondit Oswill.

D’un geste, il désigna au barman la table devant laquelle était assis Dewalter :

— Vous servirez mon gin là-bas.

Sans plus s’occuper d’eux, il s’avança vers celui qui semblait ainsi le distraire. Cinégiak et Laberose haussèrent les épaules. Oswill était derrière Dewalter et si proche de lui qu’en étendant le bras il aurait pu lui faire le coup du père François.