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L’HOMME À L’HISPANO

d’honneur, l’uniforme lui rend la fierté, Pendant quatre ans, il oublie la vie. Il revient, il la retrouve, quitte l’enfer et rentre au bagne. Assez !

Un soir d’abandon plus âpre que les autres, trop sensible pour les amours de passage, trop fier pour quêter des appuis, trop délicat pour les besognes, il signe sa seconde abdication. Et il s’exile : adieu Paris, qu’il n’a pu conquérir, patrie trop belle pour l’éternelle pauvreté !… Il réalise tout ce qu’il a, il vend ses petits souvenirs, il coupe sa dernière racine, il se brûle lui-même pour renaître. Un matin, un matin doré de septembre, il regarde une dernière fois la ville et il s’en va.

Frissonnantes solitudes, côtes inconnues, larges plages noires, et vous, forêts sans fin, humidités mystérieuses, qu’allez-vous faire de cet homme ? — Ne vous hâtez pas de répondre : il est sur la Côte d’Argent !