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L’HOMME À L’HISPANO

— Vous n’avez pas besoin de moi.

Oswill cessa tout à fait de sourire :

— Je n’ai jamais besoin de vous… mais, d’habitude, vous m’accompagnez quand je vous le demande.

— Eh bien, cette fois, ne me le demandez pas.

— Pourquoi ?

Elle articula avec calme :

— Parce que je vous le refuserais.

Entre ses dents, il serra si fort le havane qu’il le coupa. Il y eut un temps. Elle se leva tranquillement et, comme pour sortir, ramena son manteau sur les épaules. Il respirait avec force.

— Bien, murmura-t-il.

Il ajouta :

— Vous êtes parfaitement libre, vous le savez.

Hautaine, elle le regarda :

— C’est bien le moins !…

Il comprit ce qu’elle renfermait dans ces quatre mots, ses rancunes et ses dégoûts. Il savait qu’elle l’avait épousé sans le connaître, par surprise, et pour obéir à son père. Il resta impassible. Elle fit un pas vers la porte. Mais il la retint d’un geste, s’assit et continua :

— Vous dites : c’est bien le moins ? En tout cas, ce sont nos conventions, depuis que nous sommes redevenus étrangers…

Il souriait de nouveau, mais d’un sourire mauvais. Sous une influence inconnue, il venait de la sentir plus agissante qu’à l’ordinaire, moins