Page:Frontin - Les Stratagèmes - Aqueducs de la ville de Rome, trad Bailly, 1848.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
ET SUR SES ÉCRITS.

decin Morgagni, son collègue dans le professorat, à Padoue, qui s’est livré aux plus laborieuses recherches pour prouver que dans les fastes consulaires, au lieu de M. Cornelius Fronto, placé après Ulp. Trajanus Augustus, on devrait lire Sex. J. Frontinus. Tillemont, qui a lu et pesé les raisons et arguments contradictoires du cardinal Noris et du P. Pagi sur ce sujet, a laissé la question indécise[1]. Nous ferons comme lui ; car nous avons hâte d’arriver aux derniers documents biographiques.

Nommé intendant des eaux (curator aquarum) par Nerva, Frontin s’acquitta consciencieusement de sa charge, et améliora cette partie du service public par la répression des abus et des fraudes. Ce fut alors, sans doute, qu’il rédigea le Mémoire sur les Aqueducs, dont nous offrons la traduction à la suite de celle des Stratagèmes. On ignore s’il conserva longtemps ces fonctions sous Trajan, et s’il les réunit à celles d’augure, dans lesquelles il fut remplacé par Pline le Jeune, qui rend ainsi hommage au mérite de son prédécesseur[2] : « Gratularis mihi, quod acceperim auguratum ; mihi vero illud gratulatione dignum videtur, quod successi Julio Frontino, principi viro : qui me nominationis die per hos continuos annos inter sacerdotes nominabat, tanquam in locum suum cooptaret. »

Les fonctions, ou tout au moins les prérogatives des augures étaient perpétuelles : « Hoc sacrum plane et insigne est, quod non adimitur viventi[3]. » Il est donc certain que l’époque de l’entrée de Pline dans ce collège sacerdotal, est celle de la mort de Frontin. On s’accorde à la fixer à l’année 859 de Rome, 106 ans après J.-C.

Il avait défendu qu’on lui élevât un tombeau : « La dépense d’un monument est superflue, dit-il ; la mémoire de mon nom durera, si ma vie en a été digne. » Nous devons encore cette particularité à Pline le Jeune[4], qui, en la rapportant, loue, mais avec restriction, la modestie qu’elle fait paraître.

Poleni a trouvé dans les Mélanges d’antiquités de Jacob Spon une petite médaille présentant une tête d’homme à longue barbe, et à l’exergue de laquelle on lit ΦΡΟΝΤΕΙΝΟΣ ΛΝΘΥ (c’est-à-dire ἀνθύπατος) et d’autres mots grecs qui sembleraient indiquer que Frontin a été proconsul à Smyrne, sous les ordres d’un certain Myrtus. Mais ce n’est point là un document au-

  1. Voyez Hist. des emp., t. ii, note 8, p. 494.
  2. Liv. iv, lett. 8.
  3. Plinius Jun., lib. iv, ep. 8.
  4. Liv. ix, lett. 19.