Page:Frontin - Les Stratagèmes - Aqueducs de la ville de Rome, trad Bailly, 1848.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
LES STRATAGÈMES. LIV. II.

l’ordre de lâcher pied dès la première attaque, et de se retirer dans des lieux couverts de bois et peu accessibles. Ayant ainsi rendu inutiles les principales forces des Perses, lui-même, avec ses meilleures troupes placées à l’aile droite, enveloppa leur armée et la mit en déroute.

4. P. Cornelius Scipion, qui depuis fut surnommé l’Africain, soutenant la guerre en Espagne contre Asdrubal, général des Carthaginois, sortit du camp plusieurs jours de suite, avec son armée rangée de manière que l’élite en occupait le centre. Mais, comme l’ennemi se présentait aussi constamment dans ce même ordre de bataille, Scipion, le jour où il avait résolu d’en venir aux mains, changea cette disposition en plaçant aux ailes ses plus vaillants soldats, c’est-à-dire les légionnaires, et au centre ses troupes légères, qu’il retint en arrière des autres. Ainsi disposées en forme de croissant, les ailes, où étaient ses principales forces, attaquèrent l’armée ennemie par les parties les plus faibles, et la mirent facilement en déroute.

5. Metellus, lors de la bataille qu’il gagna en Espagne sur Hirtuleius, ayant appris que celui-ci avait mis au centre ses cohortes les plus vigoureuses, ramena en arrière le milieu de son armée, afin qu’il n’y eût aucun engagement sur ce point, avant que les ailes de l’ennemi fussent défaites, et le centre enveloppé de toutes parts.

6. Artaxerxès, opposant aux Grecs, qui étaient entrés dans la Perse, une armée plus nombreuse que la leur, la rangea de manière à les déborder, mettant sur son front de bataille la cavalerie, aux ailes les troupes légères ; et, retardant à dessein la marche du centre, il enveloppa les ennemis et les tailla en pièces.

8