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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

19. Alexandre, à la bataille d’Arbelles, craignant le grand nombre des ennemis, mais se fiant au courage de ses troupes, les rangea de manière que, faisant front de toutes parts, elles pouvaient combattre de quelque côté qu’elles fussent attaquées.

20. Paul Émile, livrant bataille à Persée, roi de Macédoine, qui avait formé son centre d’une double phalange flanquée de troupes légères, et mis sa cavalerie aux deux ailes, disposa son armée sur trois lignes, par détachements formant le coin, et laissant des intervalles d’où il lançait de temps en temps ses vélites. Voyant que cette ordonnance ne lui donnait aucun avantage, il simula une retraite pour attirer l’ennemi dans des lieux inégaux, dont il avait eu soin de s’assurer l’avantage. Mais comme les Lacédémoniens, se méfiant de cette manœuvre, le suivaient en bon ordre, il fit courir à toute bride ses cavaliers de l’aile gauche le long du front de la phalange, afin que, par leur impétuosité même, ils pussent, en présentant leurs armes, abattre les lances des ennemis. Se voyant ainsi désarmés, les Macédoniens quittèrent leurs rangs et prirent la fuite.

21. Pyrrhus, combattant pour les Tarentins, près d’Asculum, suivit le précepte d’Homère, qui met au centre les plus mauvais soldats : il plaça à l’aile droite les Samnites et les Épirotes, à la gauche les Bruttiens, les Lucaniens et les Sallentins, au centre les Tarentins, et fit de la cavalerie et des éléphants son corps de réserve. De leur côté, les consuls distribuèrent sagement leur cavalerie aux deux ailes, et rangèrent les légions au front de bataille et à la réserve, en y mêlant les auxiliaires. Il y avait, le fait est constant, quarante mille hommes de part et d’autre. Pyrrhus eut la moitié de son armée détruite, et du côté des Romains la perte ne fut que de cinq mille hommes.