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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

dait inutile la valeur de ses soldats, imagina des mains de fer qui accrochaient les vaisseaux ennemis ; alors les Romains, jetant des ponts, allaient combattre corps à corps, et taillaient en pièces les Carthaginois sur leurs propres bâtiments.


IV. Déconcerter les dispositions de l’armée ennemie.

1. Papirius Cursor le fils, étant consul, et combattant les Samnites, dont la résistance opiniâtre rendait la victoire incertaine, chargea, à l’insu de ses soldats, Spurius Nautius de conduire sur une colline qui regardait le flanc de la bataille, quelques cavaliers auxiliaires, et des valets d’armée montés sur des mulets, puis de les en faire descendre à grand bruit, et en traînant par terre des branches d’arbres. Aussitôt que ce détachement fut en vue, Papirius cria à ses troupes que son collègue arrivait victorieux, et qu’elles devaient, de leur côté, conquérir la gloire du présent combat. Cet incident ranima l’ardeur des Romains ; et, quand les Samnites aperçurent la poussière, ils furent saisis d’épouvante, et prirent la fuite.

2. Fabius Rullus Maximus, consul pour la quatrième fois, ayant tenté par tous les moyens, mais en vain, de rompre la ligne de bataille des Samnites, prit enfin le parti de retirer des rangs les hastats, et de les envoyer avec Scipion, son lieutenant, s’emparer d’une colline d’où ils pouvaient fondre sur les derrières de l’ennemi. Le succès de cette manœuvre vint accroître le courage des Romains, et les Samnites, effrayés et cherchant à fuir, furent taillés en pièces.

3. Minucius Rufus, serré de près par les Scordisques et les Daces, qui lui étaient supérieurs en nombre, détacha quelques cavaliers et des trompettes, sous la conduite de son frère, avec ordre, aussitôt que le com-

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