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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

apparente, se dispersaient pour fourrager eux-mêmes, lorsque les Espagnols, s’élançant avec l’impétuosité qui leur est naturelle, font main basse sur ces hommes épars, qui n’appréhendaient rien de semblable, et les mettent en désordre ; puis, avant qu’ils aient commencé à se défendre, l’infanterie armée de boucliers sort de la forêt, culbute et dissipe ceux qui cherchent à se rallier. La cavalerie, alors, partit à leur poursuite, et joncha de morts tout le terrain qui conduisait au camp. On eut même soin de n’en laisser échapper aucun : car le reste des cavaliers, au nombre de deux cent cinquante, prirent facilement les devants du côté du camp de Pompée, en allant à toute bride par les chemins les plus courts, et se retournèrent sur ceux qui fuyaient les premiers. Aussitôt que Pompée s’aperçut de ce qui se passait, il envoya au secours des siens une légion commandée par D. Lélius ; mais la cavalerie, faisant un mouvement vers la droite, feignit d’abord de se retirer, et revint charger en queue la légion, dont la tête était déjà aux prises avec ceux qui avaient poursuivi les fourrageurs. Pressée entre deux troupes ennemies, elle fut exterminée avec le lieutenant. Pompée avait voulu la dégager en faisant sortir du camp son armée entière ; mais Sertorius, lui faisant voir la sienne rangée sur les hauteurs, le fit renoncer au combat. Outre cette double perte, résultat du même artifice, Pompée eut la douleur de rester spectateur du massacre de ses soldats. Tel fut le premier engagement entre Sertorius et Pompée. Celui-ci, au rapport de Tite-Live, perdit dix mille six cents hommes et tous ses bagages.

32. Pompée, en Espagne, ayant dressé une embuscade, feignit, en fuyant, de craindre les ennemis, les