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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

leur vie, entr’ouvrit les rangs de ses cohortes, afin de les laisser échapper ; et, quand ils se furent dispersés, il tomba sur eux sans danger pour les siens, et en fit un grand carnage.

3. C. César laissa fuir des Germains qu’il avait enfermés, et qui se battaient avec le courage du désespoir, puis il les chargea pendant leur retraite.

4. Annibal, à la bataille de Thrasymène, voyant que les Romains combattaient avec une extrême opiniâtreté, parce qu’ils étaient investis, leur ouvrit un passage à travers les rangs de son armée ; et, pendant qu’ils fuyaient, il en fit un grand carnage, sans perte de son côté.

5. Antigone, roi de Macédoine, tenant assiégés les Étoliens, qui, en proie à la famine, avaient tous résolu de chercher la mort dans une sortie, leur laissa la retraite libre, apaisa ainsi leur fougue, et, quand ils eurent pris la fuite, il les poursuivit et les tailla en pièces.

6. Agésilas, roi de Lacédémone, ayant livré bataille aux Thébains, et s’étant aperçu que, enfermés par la disposition des lieux, ils se battaient en désespérés, fit ouvrir les rangs de son armée pour faciliter la retraite aux ennemis ; puis, lorsqu’il les vit en fuite, il reforma son corps de bataille, les chargea en queue, et les défit sans éprouver aucune perte.

7. Le consul Cn. Manlius ayant trouvé, au retour d’une bataille, son camp au pouvoir des Étrusques, mit des postes devant toutes les issues. L’ennemi alors, se voyant enfermé, engagea le combat avec tant de fureur, que Manlius lui-même y perdit la vie. Aussitôt que ses lieutenants s’en aperçurent, ils dégagèrent une des portes pour donner passage aux Étrusques. Ceux-ci s’enfuirent en désordre, et rencontrèrent Fabius, l’autre consul, qui les défit entièrement.