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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

8. Thémistocle, après la défaite de Xerxès, empêcha les Grecs de rompre le pont de bateaux de l’Hellespont, et montra qu’il était plus sage de chasser de l’Europe ce prince, que de le forcer à combattre par désespoir. Il le fit même avertir du danger qu’il courait s’il ne se hâtait de fuir.

9. Pyrrhus, roi d’Épire, avait fermé les portes d’une ville qu’il venait de prendre d’assaut ; mais, s’étant aperçu que les habitants, ainsi enfermés et réduits à la dernière nécessité, se défendaient avec résolution, il leur laissa la retraite libre.

10. Le même roi recommande, dans les préceptes de stratégie qu’il a laissés, de ne pas presser à outrance un ennemi qui est en fuite, non-seulement de peur que la nécessité ne le force à rétablir le combat et à se défendre avec plus de courage, mais encore pour qu’il plie une autre fois plus volontiers, sachant que le vainqueur ne s’attachera pas à le poursuivre jusqu’à entière destruction.


VII. Cacher les événements fâcheux.

1. Dans un combat que le roi Tullus Hostilius avait livré aux Véiens, les Albains désertèrent l’armée romaine et gagnèrent les hauteurs voisines. Voyant ses troupes consternées de cet événement, le roi s’écria que les Albains agissaient par ses ordres, pour envelopper l’ennemi. Ce mot jeta l’épouvante parmi les Véiens, releva le courage des Romains, et fixa de leur côté la victoire qui leur échappait.

2. L. Sylla, voyant le maître de sa cavalerie, à la tête d’une troupe assez considérable, passer, pendant le combat, du côté de l’ennemi, déclara que c’était d’après son ordre. Par ce moyen, non-seulement il dissipa la frayeur qui s’emparait de ses soldats, mais encore il