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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

qui, lui étant redevables de leur élévation, ne voulurent rien changer à ce qu’il avait fait ; et la nation ne put rien entreprendre, n’ayant plus ses véritables chefs.

4. Antipater, voyant arriver les premières troupes des Nicéens, qui, sur un bruit de la mort d’Alexandre, étaient accourus pour ravager ses provinces, feignit d’ignorer leurs intentions, les remercia d’être ainsi venus au secours d’Alexandre contre les Lacédémoniens, et ajouta qu’il en informerait le roi, les engageant, au reste, à retourner chez eux, parce qu’il n’avait pas besoin de leurs services pour le moment. Cet artifice écarta le danger, que rendait imminent le nouvel état des choses.

5. Scipion l’Africain, à qui l’on présenta, en Espagne, entre autres captives, une jeune fille en âge d’être mariée, et dont la rare beauté attirait tous les regards, ordonna qu’elle fût gardée avec soin, et la rendit à son fiancé, qui se nommait Allucius. En outre, l’or que les parents de cette jeune fille avaient apporté pour sa rançon, fut remis en dot par Scipion au fiancé lui-même. Leur nation entière, gagnée par de tels actes de grandeur d’âme, se soumit à l’empire du peuple romain.

6. Alexandre, roi de Macédoine, eut, dit-on, tant d’égards et de respect pour une jeune captive d’une grande beauté, fiancée à un prince d’une nation voisine, qu’il ne jeta pas même les yeux sur elle. Il la renvoya sur-le-champ à celui qu’elle devait épouser, et ce bien fait lui concilia l’amitié de toute la nation.

7. L’empereur César Auguste, dans la guerre où ses