Page:Frontin - Les Stratagèmes - Aqueducs de la ville de Rome, trad Bailly, 1848.djvu/21

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PRÉFACE
SUR LES TROIS PREMIERS LIVRES.




Puisque j’ai entrepris d’établir les principes de l’art militaire, étant du nombre de ceux qui en ont fait une étude, et que ce but a paru atteint, autant que ma bonne volonté pouvait y réussir, je crois devoir, pour compléter mon œuvre, former un recueil, en récits sommaires, des ruses de guerre que les Grecs désignaient par le nom générique de στρατηγηματικά[1] Ce sera fournir aux généraux des exemples de résolution et de prévoyance, sur lesquels ils s’appuieront, et qui nourriront en eux la faculté d’inventer et d’exécuter de semblables choses. D’ailleurs, celui qui aura imaginé un expédient, pourra en attendre l’issue sans inquiétude, s’il se trouve semblable à ceux dont l’expérience a démontré le mérite. Je sais, et ne veux point le nier, que les historiens ont compris dans leur travail la partie que je traite, et que tous les exemples frappants ont été rapportés par les auteurs ; mais il est utile, selon moi, d’abréger les recherches des hommes occupés : il faut, en effet, un temps bien long pour trouver des faits isolés, et dispersés dans le corps immense de l’histoire. Or, ceux même qui en ont extrait ce qu’il y a de plus remarquable, n’ont donné qu’un amas de choses sans ordre, où se perd le lecteur. Je m’appliquerai à présenter, selon le besoin, le fait même que l’on demandera, de manière qu’il réponde, pour ainsi dire, à l’appel : car,

  1. Opérations de stratégie et de tactique, en général.
2.