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LES STRATAGÈMES. LIV. III.

les vivres étaient en abondance, s’empara d’abord des châteaux situés au voisinage, et permit à toutes leurs garnisons de se réfugier dans cette ville, afin que les provisions fussent plus tôt consommées par un plus grand nombre de personnes.

6. Phalaris, tyran d’Agrigente, après avoir mis le siége devant quelques places de Sicile bien fortifiées, feignit d’entrer en accommodement avec elles, et se retira en leur laissant en dépôt des blés qu’il disait avoir de reste ; ensuite il eut soin de faire percer les toits des magasins où il les avait placés, afin que la pluie les corrompît ; et, lorsque les habitants, qui comptaient sur cet approvisionnement, eurent consommé leurs propres blés, il revint les attaquer au commencement de l’été, et les contraignit par famine à se rendre.


V. Comment on fait croire que l’on continuera le siége.

1. Cléarque, général lacédémonien, étant informé que les Thraces avaient transporté sur des montagnes leurs provisions de bouche, et qu’ils ne tenaient contre lui que dans l’espérance de le voir forcé par la disette à se retirer, ordonna, dans le moment où il s’attendait à l’arrivée de leurs députés, qu’on tuât sous leurs yeux un prisonnier, dont la chair serait distribuée par morceaux dans les tentes, comme pour servir de nourriture aux soldats. Les Thraces, persuadés que rien ne triompherait jamais de la persévérance d’un homme qui pouvait recourir à de si horribles aliments, lui firent leur soumission.

2. Les Lusitaniens ayant dit à Tiberius Gracchus qu’ils avaient des vivres pour dix ans, et qu’ils ne redoutaient pas un siége, il leur répondit : « Je vous prendrai la onzième année. » Ce mot les effraya telle-