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LES STRATAGÈMES. LIV. IV.

I. De la discipline.

1. P. Scipion, arrivé devant Numance, releva dans l’armée la discipline, qui était tombée par la négligence des chefs précédents. Il renvoya un grand nombre de valets, et ramena les soldats à l’habitude du devoir, en les soumettant chaque jour à de pénibles exercices. Il leur imposait des courses fréquentes, les obligeant à porter les provisions de plusieurs jours, en sorte qu’ils s’accoutumèrent à endurer le froid et la pluie, et à traverser à pied les gués des rivières. Souvent il leur reprochait leur mollesse et leur manque de courage, et brisait les meubles qu’il trouvait trop recherchés, ou peu utiles dans les expéditions. Il agit de cette manière, notamment à l’égard du tribun C. Memmius, à qui, dit-on, il adressa ces paroles : « Tu ne seras que peu de temps inutile à la république et à moi, mais tu le seras toujours à toi-même. »

2. Q. Metellus, dans la guerre contre Jugurtha, rétablit, par une semblable sévérité, la discipline relâchée de ses troupes, et alla jusqu’à défendre aux soldats d’user d’autre viande que de celle qu’ils auraient eux-mêmes fait rôtir ou bouillir.

3. On rapporte que Pyrrhus dit à son recruteur : « Choisis-les grands ; moi, je les rendrai forts. »

4. Sous le consulat de L. Flaccus et de C. Varron, les soldatsfurent, pour la première fois, obligés au serment. Auparavant les tribuns n’exigeaient d’eux qu’un simple engagement ; du reste, ils juraient tous ensemble que la fuite et la crainte ne leur feraient jamais quitter leurs étendards, et qu’ils ne sortiraient des rangs que pour saisir un javelot, frapper un ennemi, ou sauver un citoyen.

5. Scipion l’Africain dit à un soldat dont le bouclier

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