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LES STRATAGÈMES. LIV. IV.

le fils, se dévouèrent pour la république pendant leur consulat. Ils s’élancèrent avec leurs chevaux au milieu des ennemis, et donnèrent, en mourant, la victoire à leur patrie.

16. P. Crassus, faisant la guerre en Asie contre Aristonicus, tomba au pouvoir de l’ennemi dans une embuscade, entre Élée et Myrina. Emmené vivant, et se voyant avec horreur prisonnier, lui consul romain, il prit le parti d’enfoncer dans l’œil d’un Thrace commis à sa garde, la baguette dont il se servait pour conduire son cheval ; le soldat, irrité par la douleur, perça de son épée Crassus, qui échappa ainsi, selon son désir, à l’opprobre des fers.

17. M. Caton, fils du Censeur, ayant été jeté à terre par une chute de son cheval, s’aperçut, quand il se fut remis en selle, que son épée avait glissé du fourreau. Craignant le déshonneur d’une telle perte, il retourne au milieu des ennemis, et, non sans recevoir quelques blessures, retrouve enfin son arme, et revient près de ses compagnons.

18. Les habitants de Pétilie, assiégés par Annibal, et manquant de vivres, firent sortir de la ville les vieillards et les enfants ; et, réduits à vivre de cuirs qu’ils faisaient tremper et qu’ils grillaient ensuite, de feuilles d’arbres et de la chair de toute espèce d’animaux, ils soutinrent le siége pendant onze mois.

19. Ceux d’Arabriga, en Espagne, supportèrent les mêmes maux, plutôt que de livrer leur ville à Hirtuleius.

20. Lorsque Annibal assiégeait Casilinum, les habitants furent réduits à une telle extrémité, qu’un rat y fut vendu, dit-on, cent deniers. Le vendeur mourut de faim, et l’acheteur vécut. Malgré cette famine, la ville persévéra dans sa fidélité envers les Romains.

Frontin. 19