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DES AQUEDUCS.

Rome, en deçà du septième milliaire, et 6 472 en arcades, formant le reste de la longueur. Près de la source de l’eau Julia, il en coule une autre appelée Crabra. Agrippa ne l’avait pas prise, soit qu’il en fît peu de cas, soit qu’il voulût la laisser aux habitants de Tusculum, qui en avaient joui jusqu’alors : en effet, toutes les maisons de campagne situées sur ce territoire se la distribuent chaque jour, et la reçoivent alternativement dans des proportions déterminées. Mais nos fontainiers, moins désintéressés qu’Agrippa, s’en emparèrent comme d’un supplément destiné à la Julia ; et c’était moins pour augmenter celle-ci que pour en faire des distributions à leur profit. Il s’ensuivit que l’eau Crabra fut abandonnée par ordre de l’empereur, et rendue aux Tusculans, qui, maintenant, sont peut-être étonnés de ce retour, ignorant à qui ils sont redevables d’une abondance à laquelle ils n’étaient plus habitués ; et l’eau Julia, dont les détournements subreptices ont été repris, eut dès lors tout son volume, même en temps de grande sécheresse. La même année Agrippa restaura les aqueducs, presque en ruine, de l’Appia, de l’Anio, de la Marcia, et apporta un soin particulier à pourvoir la ville de bon nombre de fontaines.

10. Après son troisième consulat, sous celui de C. Sentius et de Q. Lucretius, Agrippa, 13 ans après avoir ramené à Rome l’eau Julia, y fit aussi parvenir l’eau Vierge, qu’il prit dans la terre de Lucullus. Ce fut le cinquième jour des ides de juin qu’elle coula pour la première fois dans la ville. On lui donna le nom de Vierge, parce qu’une jeune fille en montra quelques veines à des soldats qui cherchaient de l’eau, et qui, fouillant d’après ses indications, en trouvèrent une grande quantité. On voit dans un petit temple érigé