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LES STRATAGÈMES. LIV. I.

inférieur, laissant vers l’autre une partie de ses soldats, avec ordre de traverser par là, pendant que l’ennemi retournerait à la défense du gué inférieur. Persuadés que l’armée entière de Xénophon redescendrait le fleuve, les Arméniens ne prirent point garde aux troupes qui restaient sur l’autre point ; alors celles-ci, ayant traversé sans obstacle, vinrent protéger le passage des autres.

11. Lors de la première guerre Punique, le consul Ap. Claudius, étant dans l’impossibilité de faire passer son armée de Rhegium à Messine, parce que les Carthaginois gardaient le détroit, répandit le bruit qu’il ne pouvait continuer une guerre commencée sans l’ordre du peuple, et feignit de ramener sa flotte du côté de l’Italie. Les Carthaginois se retirèrent, croyant au départ du consul, et celui-ci, revenant sur ses pas, aborda en Sicile.

12. Des généraux lacédémoniens, faisant voile pour Syracuse, et redoutant la flotte des Carthaginois, qui était en croisière devant cette ville, firent marcher à leur tête, comme en triomphe, des vaisseaux carthaginois qu’ils avaient capturés, et au flanc ou à l’arrière desquels ils avaient attaché leurs propres navires. Trompés par cette apparence, les Carthaginois les laissèrent passer.

13. Philippe, arrêté au détroit de Cyanée par la flotte athénienne, qui lui fermait le passage, écrivit à Antipater de tout quitter pour le suivre chez les Thraces, qui étaient en insurrection, et avaient fait prisonnières les garnisons laissées dans leur pays ; et il eut soin que sa lettre fût interceptée par les Athéniens. Ceux-ci croyant avoir surpris les secrets des Macédoniens, retirèrent leur flotte ; et Philippe franchit le détroit sans trouver de résistance.