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LES STRATAGÈMES. LIV. I.

3. Le sénat de Milan ayant été massacré par des soldats, Cn. Pompée, qui craignait de donner lieu à une rébellion en n’appelant que les coupables, les fît venir indistinctement avec ceux qui n’avaient pris aucune part à cette action. N’étant point séparés des autres, par conséquent ne se croyant pas appelés à cause de leur crime, les coupables comparurent avec moins de méfiance ; et ceux qui n’avaient rien à se reprocher, veillèrent à la garde des coupables, de peur d’être taxés de complicité s’ils les laissaient fuir.

4 Des légions de l’armée de C. César s’étant révoltées, au point de manifester l’intention d’attenter à la vie de leur chef, il dissimula sa crainte, s’avança vers les soldats, et, comme ils demandaient leur congé, il le leur donna sur-le-champ, d’un air menaçant. À peine l’eurent-ils obtenu, que le repentir les força de faire leur soumission à leur général, auquel ils furent dès lors plus dévoués qu’auparavant.


X. Comment on refuse le combat aux soldats, quand ils le demandent intempestivement.

1. Q. Sertorius, sachant par expérience qu’il ne pouvait résister aux forces réunies des Romains, et voulant le prouver aux barbares ses alliés, qui demandaient témérairement le combat, fit amener en leur présence deux chevaux, l’un plein de vigueur, l’autre extrêmement faible, auprès desquels il plaça deux jeunes gens qui offraient le même contraste, l’un robuste, l’autre chétif ; et il ordonna au premier d’arracher d’un seul coup la queue entière du cheval faible, au second de tirer un à un les crins du cheval vigoureux. Le jeune homme chétif s’étant acquitté de sa tâche, tandis que l’autre s’épuisait à force de tirer la queue du cheval faible : « Soldats, s’écrie Sertorius, je vous ai montré par cet exemple ce que sont les légions romaines ; invinci-