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LES STRATAGÈMES. LIV. I.

rent aussitôt, déposant leur animosité réciproque. Par cet apologue, il dissuada les barbares d’opérer une attaque qui aurait tourné au profit des Romains.


XI. Comment l’armée doit être excitée au combat.

1. Pendant la guerre contre les Étrusques, l’armée des consuls M. Fabius et Cn. Manlius s’étant mutinée, et se refusant à combattre, ces chefs affectèrent eux-mêmes de temporiser, jusqu’à ce que les soldats, irrités des insultes de l’ennemi, eurent demandé le combat, et juré d’en revenir victorieux.

2. Fulvius Nobilior, étant dans la nécessité de livrer bataille, avec peu de monde, à une armée de Samnites, nombreuse et fière de ses succès, feignit d’avoir gagné une des légions ennemies ; et, pour en convaincre ses troupes, il prescrivit aux tribuns, aux premiers officiers et aux centurions, de lui apporter tout ce qu’ils avaient d’argent comptant, ou d’objets d’or et d’argent, pour payer les transfuges, promettant d’ajouter, après la victoire, d’amples récompenses au remboursement des sommes prêtées. Les Romains le crurent, engagèrent sur-le-champ le combat avec autant d’ardeur que de confiance, et remportèrent une éclatante victoire.

3. C. César, étant sur le point de combattre les Germains commandés par Arioviste, et voyant le courage de ses troupes abattu, les rassembla et leur dit que dans cette circonstance la dixième légion seule marcherait à l’ennemi. Par là, il stimula cette légion, en lui rendant le témoignage qu’elle était la plus brave, et fit craindre aux autres de lui laisser à elle seule cette glorieuse renommée.

Frontin. 6