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Page:Fulbert-Dumonteil - Portraits zoologiques.pdf/22

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PORTRAITS ZOOLOGIQUES

et doux pour les enfants du jardin, comme ils ont l’air fiers de porter sur leur dos cette jeune génération qui est la France de demain.

On raconte qu’un cornac hollandais élevait à grand’peine un éléphant qui avait la tête près du bonnet. Chaque fois que l’irascible pachyderme se mettait en colère, le cornac appelait à son aide un de ses enfants.

À la vue du bébé, l’Éléphant se calmait aussitôt, allongeait sa trompe, comme on tend la main à un ami, tirait le bambin par sa blouse, prenait sa casquette, la faisait sauter en l’air, et la replaçait doucement sur la tête de son petit compagnon. Sa bonne humeur durait jusqu’au lendemain.

Dans une ménagerie de Florence, la femme du cornac avait un enfant au berceau. Pendant qu’elle disposait les places ou qu’elle balayait le cirque, un jeune Éléphant, qu’on avait dressé à cette besogne maternelle, agitait le berceau avec sa trompe et endormait l’enfant.

Rien n’égale l’intelligence, la souplesse et la dextérité de ce colosse.

Saltimbanque et porte-faix, guerrier, lutteur, estafette et bonne d’enfant, il remplit tous les rôles et se plie à tous les travaux.

Dans le royaume de Siam, c’est un vrai personnage, un haut dignitaire, presque un dieu ; mais il faut qu’il soit blanc, ou tout au moins café au lait. Sa naissance ou sa conquête est un événement, une félicité universelle ; sa mort est un deuil public.

Voici en quels termes sir John Bowring raconte la visite qu’il fit, à Bangkok, à un Éléphant blanc :

« Dans son étable, décorée comme un salon parisien, se trouvait une large estrade dont les parois disparaissaient