Aller au contenu

Page:Fulbert-Dumonteil - Portraits zoologiques.pdf/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
LE RENNE

En Laponie, la jeune fille offre une tasse de lait de Renne à celui qu’elle aime, qu’elle a choisi ; c’est un aveu et un serment.

Chez les Samoïèdes, lorsqu’un jeune enfant vient de mourir, on ne l’ensevelit pas dans la neige ; on le suspend dans une tombe aérienne, aux rameaux penchés de quelque bouleau solitaire.

Sa jeune âme se jouera dans les airs et protégera les troupeaux de Rennes qui paissent sur la montagne.

Dieu venait de combler une troupe d’animaux de ses bienfaits. Au cheval il avait donné la force, la noblesse et l’agilité ; au mouton, sa toison précieuse ; à la vache, son lait fortifiant et doux ; au chameau, deux paires de sabots incomparables pour traverser les steppes et le désert ; au cerf, sa coiffure magnifique ; à la gazelle, les plus beaux yeux du monde.

Toutes ces bêtes allaient prendre congé du Créateur et se retirer satisfaites, quand tout à coup retentit une voix plaintive et suppliante.

C’était le Renne qui réclamait, le pauvre Renne de la Laponie.

La distribution était finie, et il ne restait plus rien à donner. Tout le monde plaignait le Renne.

Après un instant de réflexion, le Créateur se tourna vers ceux qu’il avait dotés si magnifiquement et il leur dit :
« Que chacun de vous rende au pauvre Renne une petite part des dons qu’il a reçus. »

Et aussitôt il devint rapide et fort comme le cheval ; un lait crémeux s’échappa de ses mamelles ; son poil devint épais et doux ; sa tête se para d’un bois superbe ; son pied, infatigable et sûr, comme le pied du chameau, fut chaussé