Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/252

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antagoniste de Collantine et de son frère le sergent, quand il les auroit eu tous deux à combattre. Cettuy-cy pour luy préparer une autre vengeance à sa maniere, le fit adresser à un commissaire qui luy fit répondre et antidater une requeste du jour que la querelle estoit arrivée, chose qui se fait sans scrupule, à cause que cela ameine de la pratique aux officiers royaux, par la prevention qu’ils ont sur les subalternes. Il fit entendre pour témoins deux de ses laquais, dont il fit déguiser les noms et la qualité, les ayant produit sous un autre habit ; il eut mesme, je ne sçay comment, un rapport de chirurgie tel quel (car ses blessures dont il avoit eu bon nombre estoient gueries). Avec cela il obtint de sa part un pareil decret, et deux sentences de provision, qui furent données deux fois plus fortes que celles de la justice ordinaire, par une jalousie de jurisdiction : en telle sorte que le sergent, qu’il fit comprendre dans le décret aussi bien que sa sœur, fut obligé pour quelque temps d’aller, comme disent les bonnes gens, à Cachan. Le remede fut d’obtenir un arrest portant deffences aux parties d’executer ce decret et de faire des procedures ailleurs qu’en la cour, les provisions compensées, le surplus payé, c’est le stile ordinaire. Et en vertu de ce surplus, le pauvre sergent, quelque temps après, lors qu’ils ne s’en doutoit en aucune sorte, fut constitué injurieusement prisonnier par un de ses confreres, qui pour peu d’argent se chargea volontiers de cette contrainte contre luy. La cause fut mise au roolle, et après avoir esté long-temps sollicitée et bien plaidée, les parties furent mises hors de cour et de procès sans aucune reparation, dommages, interests, ny dépends. Ainsi, qui avoit esté battu demeura battu, et tous les grands frais