Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/26

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peut-estre que je ne parle point en libraire, mais en autheur ; aussi la verité est-elle que tout ce que je t’ay dit a esté tiré d’une longue preface que l’autheur mesme avoit mise au devant du livre. Mais le mal-heur a voulu qu’ayant esté fait il y a long-temps par un homme qui s’est diverty à le composer en sa plus grande jeunesse, il luy est arrivé tous les accidens à quoy les premiers fueillets d’une vieille coppie sont sujets. Et, comme maintenant ses occupations sont plus sérieuses, cet ouvrage n’auroit jamais veu le jour si l’infidelité de quelques-uns à qui il l’avoit confié ne l’avoit fait tomber entre mes mains. C’est pourquoy je ne t’ay pû donner la preface entière ; j’en ay tiré ce que j’ay pû, aussi bien que de plusieurs autres endroits du livre, que j’ay fait accommoder à ma maniere. J’en ay fait oster ce que j’y ai trouvé de trop vieux, j’y ay fait adjoûter quelque chose de nouveau pour le mettre à la mode. Si tu y trouves du goust, je feray r’ajuster de mesme la suite, dont je te feray un pareil present, si tu as agreable de le bien payer.