Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/77

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leurs seroient obligez de se servir de ces modelles, comme les appareilleurs vont prendre les mesures sur les plans des édifices qu’on leur donne à faire. Il y auroit pareillement en ce greffe une pancarte ou tableau où seroient specifiez par le menu les manieres et les regles pour s’habiller, avec les longueurs des chausses, des manches et des manteaux, les qualitez des estoffes, garnitures, dentelles et autres ornements des habits, le tout de la mesme forme que les devis de maçonnerie et de charpenterie. Et voicy le grand avantage que le public en retireroit : c’est qu’il arrive souvent qu’un riche bourgeois, et surtout un provincial, ou un Alleman, aura prodigué beaucoup d’argent pour se vestir le mieux qu’il luy aura esté possible, et il n’y aura pas réussi, quelque consultation qu’il ait faite de toute sorte d’offi-


petites assemblées du samedi qu’on procédoit à leur ajustement dans le cercle des précieuses. Un siècle plus tard, nous trouvons encore une de ces poupées courant le monde pour y propager les modes parisiennes. « On assure, lisons-nous dans un livre très rare, que pendant la guerre la plus sanglante entre la France et l’Angleterre, du temps d’Addison, qui en fait la remarque, ainsi que M. l’abbé Prevost, par une galanterie qui n’est pas indigne de tenir une place dans l’histoire, les ministres des deux cours de Versailles et de Saint-James accordoient en faveur des dames un passeport inviolable à la grande poupée, qui étoit une figure d’albâtre de trois ou quatre pieds de hauteur, vêtue et coiffée suivant les modes les plus récentes, pour servir de modèle aux dames du pays. Ainsi, au milieu des hostilités furieuses qui s’exerçoient de part et d’autre, cette poupée étoit la seule chose qui fut respectée par les armes. » (Souv. d’un homme du monde, Paris, 1789, in-12, t. 2, p. 170, nº 395.)