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PREFACE.


pose avec raison sur le grand cours qu'ont eu ces fragmens & ces pieces detachées, que l'Ouvrage est dêjà si connu & si estimé, qu'il n'a plus besoin de ces favorables preventions, que les Ecrivains ou les Libraires tâchent d'inspirer dans une Preface par des denombremens artificieux, & par certains details qu'ils choisissent, & qu'ils exposent le plus avantageusement qu'il leur est possible.

On ne fera donc pas remarquer au Lecteur, que Mr. L'Abbé Furetiere ayant travaillé long-temps à composer & à polir son Ouvrage, a pû profiter des bonnes & des mauvaises qualitez d'un tres-grand nombre d'Auteurs qui l'ont precedé en ce genre de travail ; & qu'il en a pû profiter d'autant plus considerablement, que lors qu'il avoit le plus à cœur son Dictionaire, il en paroissoit souvent d'autres reveus, corrigez & augmentez : ce qui ne pouvoit manquer de le conduire aux plus justes idées de la perfection d'un tel Ouvrage, tant parce qu'il remarquoit comment on avoit remedié aux defauts des premieres Editions, que parce qu'il apprenoit des Lecteurs les plus éclairez, si on y avoit bien ou mal remedié.

On ne fera point non plus ressouvenir le public, que Mr. Furetiere a inseré dans son I. Factum une Critique sur le Dictionnaire de l'Academie, par laquelle on peut s'appercevoir clairement, qu'il découvroit jusqu'aux plus petits defauts d'exactitude. Or c'est beaucoup, qu'un Auteur se fasse des regles si severes, & en comprenne si vivement toute l'étenduë selon la plus scrupuleuse precision : car si ce n'est pas une marque convaincante qu'il les consulte aussi exactement lors qu'il compose, que lors qu'il censure le travail d'autruy, c'est du moins un prejugé en sa faveur.

On n'avertira point non plus le public, que la secheresse qui accompagne ordinairement les Dictionaires n'est pas à craindre dans celuy-ci. Car outre que la vaste étenduë, & la carriere immense que l'Auteur a choisie pour son dessein, fournit dans chaque page beaucoup de diversité, & ne permet pas que le Lecteur fasse beaucoup de chemin sans apprendre quelque chose qui en vaut la peine ; outre cela, dis-je, on a soin de donner du relief aux definitions par des exemples, par des applications, par des traits d'Histoire ; on indique les sources, on marque souvent les origines & les progrez ; on refute, on prouve, on ramasse cent belles curiositez de l'Histoire naturelle, de la Physique experimentale, & de la pratique des Arts. Ce ne sont pas de simples mots qu'on nous enseigne, mais une infinité de choses, mais les principes, les regles & les fondements des Arts & des Sciences : de sorte qu'au lieu d'amplifier l'idée


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