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PREFACE.


Ette seconde Edition n’a pas besoin d’une longue Préface. Il seroit superflu de discourir sur l'utilité d’un Dictionnaire en general, & en particulier sur la nécessité d’un Dictionnaire pour la langue Françoise, qui dans le point de perfection ou elle semble être parvenue, doit désormais être fixe, & ne plus dépendre des bizarreries, & de l’inconstance de l’usage. Le sujet est épuisé par la Préface qui a été mise *[1] à la tête de la première Edition , & par celle dont Mrs. de l’Academie Françoise ont orné leur Dictionnaire ; Il faut donc s’arrêter uniquement à rendre compte des changemens qu’on a apportez à cette nouvelle Impression.

Je dirai d’abord qu’on ne s’est pas borné à quelques fautes, ou à suppléer quelques termes qui étoient échappez à la diligence de Mr. l’Abbé Furetiere. On a retouché, ou refondu presque tous les articles. Il y en a peu qui soient demeurez entiers ; ensorte que si le fond est de lui, à peine pourroit-il reclamer la moitié de tout l’Ouvrage. L’augmentation la plus considérable regarde la politesse, & l’exactitude du langage. Mr. l’Abbé Furetiere, pour ne se trouver point en concurrence avec Mrs. de l’Academie Françoise, n’avoit pas entrepris de décider du bon ou du mauvais Usage des mots, ni de la pureté de la Langue. Ce n’étoit pas là son but principal. Il s’étoit spécialement attaché aux termes des Arts : le reste n’étoit qu’accessoire, & n’étoit pas enfermé dans son plan. Mais cette différence specifique ne subsiste plus. On a cru que pour bien remplir le titre de Dictionnaire universel, il faloit qu’on y pût apprendre à parler poliment, aussi bien, qu’à parler juste, & dans les termes propres à chaque Art.

L’entreprise sans doute eût été téméraire, si l’on n’avoit pas eu l’Academie Françoise pour guide, & pour garent ; & il est vrai aussi que je ne m’ingere point de décider de mon chef sur le choix, & la préférence des mots. C’est une autorité que je n’avois garde de m’arroger. Au contraire on verra que des qu’il y a sujet de douter, j’ai rapporté les opinions de ceux qui ont fait des remarques sur la langue Françoise, ou pour admettre, ou pour rejetter un terme contesté ; & dans le partage de sentimens, l’Academie Françoise est l’autorité suprême à laquelle j’ai toujours déféré. Je présente seulement aux

  1. Après la mort de Mr. l'abbé Furetiere.
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