Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
souvenirs d’une actrice.

lon. Il n’accordait cette faveur qu’avec un extrême discernement, et choisissait, après un mûr examen, les danseuses qui devaient faire partie de la contredanse dans laquelle il voulait bien avoir la condescendance de danser.

J’avais connu M.  de Trénis[1] à Bordeaux ; il était alors beaucoup plus accessible, car il ne prévoyait pas les grandes destinées qui l’attendaient ; cependant je dois dire que, malgré l’encens qui lui montait à la tête, il était toujours rempli de bienveillance pour moi. Il venait souvent me voir, et je savais quelles étaient ses danseuses de prédilection, car j’aimais à le faire causer : aussi m’amusais-je beaucoup de voir toutes ces demoiselles et ces jeunes dames flottant entre l’espérance et la crainte.

Ces prêtresses de la danse arrivaient en habit de bal, dont les jupons étaient bien courts, pour prêter un serment de fidélité (comme l’avait dit M.  de Talleyrand d’une jeune mariée) ; ces robes étaient lamées, garnies en fleurs ou en épis de diamants, en

  1. Madame la duchesse d’Abrantès a fait de lui un portrait très fidèle.