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souvenirs d’une actrice.

fruits d’émeraudes, de rubis : c’était tout un Olympe où Flore, Vénus, Hébé, Cérès, étaient réunies : il y avait bien quelques Cybèles, mais elles se cachaient sous des pampres et des grappes de grenats.

J’examinais cette profusion de dorures, dont l’éclat mêlé à celui des bougies éblouissait et fatiguait les yeux, lorsque je vis entrer une femme qui semblait, au milieu de cet Olympe, une émanation aérienne, une véritable sylphide. On portait alors des tuniques à la grecque ; la sienne, qui rasait la terre, était de mousseline de l’Inde, et garnie par le bas d’une petite frange légère en coton, que l’on nommait muguet, et qui formait comme une guirlande autour de sa robe ; des manches courtes laissaient apercevoir son beau bras. Sa tunique était attachée sur ses épaules par des antiques, et un simple rang de perles fines entourait son cou de cygne ; elle était coiffée de ses cheveux d’un noir de jais : c’étaient là ses seuls ornements. Sa démarche noble, son sourire gracieux, cette délicieuse simplicité de si bon goût, au milieu de cette profusion de fleurs, de dorures, de pierreries, la séparait tellement des autres