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souvenirs d’une actrice

des gens qui ne pensaient pas les uns comme les autres ; mais à cette époque il n’y avait encore aucun danger : aussi, après avoir discuté long-temps, ils finissaient par rire eux-mêmes d’avoir fait de la politique en pure perte.

— Mais dis-moi pourquoi, disait Martainville à Fusil, tu cries contre la noblesse, toi qui par état as dû en être mieux traité qu’un autre ?

— C’est ce qui te trompe !… J’ai été vexé, méprisé pour ce même état que tu me vantes… Ces gens-là nous applaudissaient au théâtre, parce que nous les amusions, mais, hors de là, nous n’étions pour eux que des parias et des bohémiens. Le plus petit noble croyait avoir le droit de nous insulter, et si nous voulions qu’ils nous en fissent raison, on nous répondait par les fers et les cachots.

— Ah ! voilà de l’exagération !…

— Nullement !… Écoute ce qui m’est arrivé en 87… Ce temps n’est pas encore bien éloigné ! Avant