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souvenirs d’une actrice.

que je ne connusse mademoiselle Fleury, j’étais à Besancon, et je devais me marier avec mademoiselle Castello (depuis madame Darboville). J’étais fort aimé dans cette ville, et tout le monde connaissait mes intentions. Cette demoiselle, ainsi que sa famille, était fort considérée. Un soir que je la reconduisais avec sa mère, des gardes-du-corps l’insultèrent par les propos les plus obscènes, et voulurent l’arracher de mon bras. Pensant qu’ils étaient gris, je cherchai à leur faire entendre raison, mais j’étais dans l’erreur. L’un d’eux ayant levé la main pour me frapper, je me jetai sur lui et le saisis à la gorge. Quelques personnes étant accourues au bruit que cela avait causé, je remis ces dames à un de mes amis, et le priai de les ramener chez elles. J’offris alors à l’officier de lui rendre raison : il me répondit qu’il ne se battrait pas avec un saltimbanque, et qu’il y avait d’autres moyens de châtier un vil histrion !… Tu juges de ma fureur !… Les jeunes gens de la ville, qui m’aimaient beaucoup, et parmi lesquels se trouvaient plusieurs