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Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/14

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souvenirs d’une actrice.

le grenier. Nous partîmes donc avec lady Montaigue qui m’attendait au bas de l’escalier. Le mari de cette dame et son frère avaient été emmenés les premiers. À peine si on nous avait laissé le temps de prendre nos manteaux et nos chapeaux. Nous fûmes conduites dans l’église dont j’ai parlé, qui était très froide, car nous étions au mois d’octobre. Le tableau qui s’offrait à nos yeux était à la fois triste et bizarre : cette église ressemblait à une ruine, et, à l’exception du maître-autel, ce qui tenait au culte avait disparu. Je regardais douloureusement ces froides dalles, ces longs arceaux, ces portiques sous lesquels des malheureux erraient comme des ombres, pleurant et se livrant au désespoir, lorsque j’aperçus une femme ou plutôt une espèce de folle que j’avais rencontrée quelquefois depuis son retour d’Angleterre. C’était la sœur de mademoiselle Desgarcins, du Théâtre-Français, et la veuve d’un capitaine de vaisseau. Elle se tenait sur les marches de l’autel, une guitare à la main. Je lui dis qu’elle était bien heureuse d’avoir pu emporter sa guitare, tandis qu’on