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Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/171

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souvenirs d’une actrice.

de Saint-Pétersbourg. M. de la Maisonfort était retourné en ville. La princesse, en ma faveur, descendit un peu plus tôt que de coutume. Je trouvai que le portrait qu’on m’avait fait d’elle n’était pas flatté. Ses beaux cheveux d’un noir d’ébène, si soyeux et si fins, tombaient en boucles sur un cou bien arrondi ; sa figure était pleine de charme et d’expression ; il y avait un mol abandon dans sa taille et dans sa démarche, qui n’était pas sans grâce ; et lorsqu’elle levait ses grands yeux noirs, on retrouvait cet air inspiré que lui a donné Gérard dans un de ses beaux tableaux où il l’a représentée.

Lorsque je la vis arriver au jardin, elle était vêtue de mousseline de l’Inde qui se drapait élégamment autour d’elle. Dans aucun temps sa mise n’a été semblable à celle des autres femmes ; mais, jeune et belle comme elle l’était alors, cette simplicité des statues antiques lui seyait à merveille. Elle m’adressa les choses les plus obligeantes et m’engagea à venir tous les jours.

— Je ne sais pas encore, me dit-elle, si je passerai l’hiver à Saint-Pétersbourg ; j’ai le projet d’aller en