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souvenirs d’une actrice.

vent aux soirées de madame Lebrun-Vigée et du peintre Gérard. Ils avaient l’un et l’autre des talents que l’on ne trouve pas toujours chez les personnes du grand monde. La princesse Nathalie était excellente musicienne, composait de jolies romances et jouait de plusieurs instruments. Le comte était littérateur agréable, et dessinait très bien pour un amateur. Il avait été ambassadeur à Naples, et parlait parfaitement l’italien.

Il avait la réputation de dire rarement la vérité ; mais ses mensonges étaient si spirituellement racontés qu’on ne pouvait lui en vouloir d’improviser des romans comme tant d’autres en composent avec la plume, et qui souvent ne sont pas aussi amusants.

Lorsque je vis pour la première fois le comte Théodore Golofkine, je le pris pour un Français. Il m’a assuré depuis qu’il en avait été extrêmement flatté. Le fait est que, connaissant alors peu de Russes, je ne m’étais pas aperçue que la plupart s’énoncent avec grâce, facilité, et qu’ils parlent notre langue avec beaucoup de pureté. Mais la petite gloriole et l’amour du pays font que l’on est toujours tenté de