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souvenirs d’une actrice.

Comment peindre cette atmosphère si pure, ce calme, ce paysage qu’on entrevoit à la lueur du crépuscule, connue à travers une gaze légère ; cette musique de cors, particulière à la Russie, dont l’harmonie, qui s’entend de loin sur l’eau, semble venir du ciel.

Quarante musiciens ont chacun un tube plus ou moins long, qui donne le ton le plus grave ou le plus aigu, et tous les tons intermédiaires ; mais il ne peut en donner qu’un seul. Leur musique n’est pas notée, et cela serait inutile, puisque le musicien peut ignorer et ignore souvent quelle note il fait ; il suffit que celui qui en est le chef compte ses mesures bien ostensiblement : c’est là seulement ce qui guide le musicien pour donner la note, lorsque son tour vient.

La magie de cette musique est telle, qu’à une certaine distance on n’imaginerait jamais une composition d’orchestre aussi bizarre. La précision de ces musiciens est si grande qu’ils peuvent exécuter toute sorte de musique. La musique de l’empereur Alexandre était de plus de trois cents cors,