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souvenirs d’une actrice.

bientôt la chanteuse à la mode ; mes chansonnettes faisaient fureur, et on en dessinait les sujets dans les albums. Tous nos chants d’alors n’étaient que des peintures de chevaliers, de bachelettes, de damoiselles. J’avais sur mon album la Sentinelle appuyée sur sa lance, le Départ pour la Syrie, le Troubadour, son épée et sa harpe se croisant sur son cœur.

Si mes légers talents commencèrent mes succès et me firent désirer, je dois dire qu’avec le temps je fus admise dans de grandes familles, comme une amie de la maison. Je donnais aux jeunes demoiselles des leçons de lecture à haute voix ; je dirigeais le choix des ouvrages qu’on mettait entre leurs mains, et leur faisais chanter les morceaux de musique qui étaient le plus en vogue. Il y avait en Russie de charmants compositeurs dans la haute société : M. Effimowith, le prince Galitzine et beaucoup d’autres.

Je ne mettais à ma complaisance d’autre prix et d’autre intérêt que celui de répondre à l’accueil que je recevais de ces dames. C’était en 1807, les