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souvenirs d’une actrice.

de la tête, les piécettes dont il est frangé, font un petit bruit fort bizarre. Les hommes qui les accompagnent, chantent parfois en second dessus et même en trio avec la basse, ce qui produit une jolie harmonie. La danse des hommes ressemble alors à la Cosaque, et les motifs des airs se reproduisent comme dans les chants russes, mais les chanteurs habiles ou bien organisés les varient à l’infini.

C’est surtout l’air de la tsigansky qui a inspiré les compositeurs ; ils ont puisé dans les motifs des airs russes un thème à de charmantes variations.

Ya tsigansty Maladoï
Ya tsigansky ni prostoï.

« Je suis une jeune stigansky,
« Je ne suis pas à dédaigner.[1] »

Les Tsigansky sont des bohémiens, espèce de parias chassés de l’Inde dont l’origine se perd dans la

  1. M. Alexandre Dumas, dans le Maître d’armes, nous a peint admirablement les bayadères ; mais il n’avait probablement pas vu les tsigansky dont il leur donne le nom ; d’ailleurs pour les rencontrer dans toute leur élégance, il fallait que ce fût à Moscou, à la fête du premier mai, et dans les tentes de la noblesse. Celles qui venaient se mêler au public étaient les mêmes qu’on rencontrait dans les rues. Ce que je dis ici date de 1807 ; tout a bien changé depuis ce temps.