Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
243
souvenirs d’une actrice.

Comme pendant le carême ou ne joue pas la comédie, ces salles étaient données alors par les seigneurs aux artistes pour y donner des concerts de souscription ; lorsque j’annonçais quelques-unes de ces soirées du carême, elles avaient lieu dans une de ces salles, et le plus souvent dans les plus brillants salons et sous le patronage des dames. C’était une manière honnête de payer le prix de ma complaisance ; elles souscriptions me rapportaient beaucoup d’argent et de nombreux cadeaux. Je ne me dissimulais pas que parmi elles, il y en avait qui ne me recherchaient que parce que j’étais à la mode, mais elles avaient assez de tact pour ne pas le laisser apercevoir. Comme les demoiselles et même les jeunes dames de la maison chantaient avec moi, je ne pouvais me plaindre que par fois on abusait de ma complaisance ; mais toutes cependant n’avaient pas le même tact, et la petite anecdote que je vais rapporter me donna l’occasion de déployer ce sentiment de dignité qui devrait toujours être dans le cœur des artistes.

J’étais très bien reçue chez la comtesse de Bro-