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Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/274

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souvenirs d’une actrice.

déjà déserte, et à mesure que l’armée française avançait, l’émigration devenait plus considérable. Étant née dans le duché de Wurtemberg, à Stutgard, j’espérais obtenir par la protection de l’impératrice-mère, qui était aussi de ce pays, un passeport pour Saint-Pétersbourg où je voulais aller. Malgré la recommandation du comte Markoff, ancien ambassadeur de Russie en France, on me le refusa. Quoique le théâtre impérial de Moscou ne jouât plus depuis quelque temps, plusieurs artistes ayant fini leur contrat, mais n’étant pas encore remplacés, aucun ne pouvait s’absenter sans une permission formelle du chambellan ; et sans en être muni, il était même impossible d’avoir des chevaux à la poste. M. de Maïkoff, le chambellan de service, objectait qu’il venait déjà de m’accorder un congé de quelques mois. Si M. de Maïkoff, eût présumé que le refus de ce nouveau congé put me causer de si grands malheurs, j’aime à croire qu’il me l’eût accordé. Cela me fit perdre ma fortune et détruisit mon avenir en me privant de ma pension.

Comme l’on craignait de manquer de vivres,