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souvenirs d’une actrice.

sous la moustache d’un soldat. Il partit peu de temps après pour le camp de Petrowski, et je ne l’ai pas revu depuis. Je serais fâchée qu’il lui fut arrivé quelque malheur, car il aimait sa mère. Napoléon, craignant que le Kremlin ne fût miné, avait été habiter Petrowski. Nous résolûmes donc, madame Vendramini, moi et notre officier blessé, d’aller le lendemain à Petrowski pour demander une sauve-garde.

Ce fut un jour mémorable pour moi, que celui où nous entreprîmes ce voyage. À notre départ, notre maison était intacte, et il n’y avait pas même apparence de feu dans aucune des rues adjacentes. La fille de madame Vendramini, jeune enfant de treize ans, était avec nous ; elle n’avait encore vu l’incendie que de loin. Le premier qui la frappa fut celui de la Porte-Rouge, la plus ancienne porte de Moscou. Nous voulûmes prendre le chemin ordinaire du boulevart, mais il nous fut impossible de passer ; le feu était partout. Nous remontâmes la Twerscoye ; là il était encore plus intense, et le grand théâtre où nous allâmes ensuite, n’était plus qu’un gouffre de flammes, La provision de bois d’une année y était