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souvenirs d’une actrice.

de faire adopter une impression fâcheuse dans les moments de trouble, que celui qui en est accablé ne peut plus se relever ; il semble que l’on se plaise à chercher des faits à l’appui pour y donner de la vraisemblance. Les écrits restent et se relisent quelquefois après un long espace de temps ; bien souvent aussi les histoires contemporaines les recueillent. Madame de Genlis, dans ses Mémoires, ne cite-t-elle pas une anecdote aussi fausse qu’invraisemblable, et qu’elle place même dans un temps où il n’y avait pas de terreur, car la révolution commençait à peine. Chénier à cette époque n’avait encore occupé qu’une place à l’institut, et André Chénier n’était pas arrêté. Je veux parler de l’entrevue de mademoiselle Dumesnil avec le poète Chénier. J’ai si souvent entendu raconter cette anecdote à madame Vestris, la tragédienne, sœur de Dugazon, et par Chénier lui-même, que je n’ai pu en oublier les détails, les voici :

Madame Vestris était très liée avec mademoiselle