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souvenirs d’une actrice.

différence. Malgré cet éloge, il me déplut dès le premier moment. Quoique ce fût un homme assez mal élevé et très occupé de lui-même, je lui donnai cependant tous les soins qu’exigeait son état.

Je m’aperçus bientôt que nos chevaux ne valaient guère mieux que les premiers ; du reste ces malheureuses bêtes étaient si mal nourries qu’elles pouvaient à peine marcher. Nous allâmes fort lentement jusqu’au jeudi 11. Mon compagnon enrageait d’être monté dans la calèche, et craignait beaucoup la rencontre des cosaques. « Si j’avais mon cheval, je m’en moquerais, disait-il ; mais je ne vois pas mon domestique, qui devait me l’amener. » Ce n’était pas très-rassurant pour moi ; je l’excusai pourtant, car sa blessure était tellement grave qu’il ne pouvait marcher. Nous primes enfin le parti d’envoyer au quartier-général, pour dire à M. de Tintigni, que s’il n’avait pas d’autres chevaux à nous donner, il était impossible d’avancer. Mais, pour éviter la négligence du domestique, nous envoyâmes celui qui était chargé des chevaux de selle, et nous fîmes aller l’autre au fourrage avec le cocher.

Me voilà de nouveau restée au milieu du grand