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souvenirs d’une actrice

— C’est un vilain monsieur, que ton ami Martainville ; il n’en ferait pas autant pour toi, et s’il peut un jour te faire du mal, il n’y manquera pas.

Lorsqu’en 1802 on me montra l’article écrit par Martainville contre Fusil, je ne pus en croire mes yeux ; je restai confondue. Je fus chez lui le voir, et lui parodiai ce vers de Tartuffe :

Mais t’es-tu souvenu que sa main charitable,
Ingrat, t’a retiré d’un état misérable ?

— Oui, me dit-il, je sais tout ce que vous pouvez me dire, et il est à ma connaissance que Fusil n’a jamais fait de mal, mais c’était un braillard, un nigaud, qui pouvait s’enrichir et qui ne l’a pas fait.

— Oui, je crois en effet que, s’il eût suivi l’exemple de tant d’autres, on ne se serait pas informé d’où serait venue sa fortune. S’il avait pu surtout prêter de l’argent à ses anciens amis, et qu’il eût eu une bonne table, aucun d’eux ne l’eût attaqué ;