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souvenirs d’une actrice.

J’avais quelques couplets faits dans un temps où l’on ne prévoyait pas qu’ils deviendraient un arrêt de mort. Ils m’avaient été donnés pendant que j’étais à Tournay ; ils étaient conformes aux idées d’alors. Je croyais les avoir brûlés depuis longtemps, mais comme toute ma vie j’ai été distraite et brouillonne, ils m’avaient échappé jusqu’alors.

J’étais couchée lorsque ces messieurs vinrent me faire leur visite ; je me levai, et j’ouvris mon secrétaire. Ils lurent des lettres de mon mari, qui était alors à l’armée ; ils regardèrent ensuite minutieusement chaque papier, introduisirent de petites pointes de fer dans les fauteuils et jusque dans les matelas. Ne trouvant rien de suspect, ils me souhaitèrent une bonne nuit.

Le lendemain matin, voulant remettre en ordre tous ces papiers épars, la première chose qui me tomba sous la main fut une parodie de la romance de Pauvre Jacques, romance fort en vogue trois ans auparavant, mais dont les strophes parodiées pouvaient m’envoyer au tribunal révolutionnaire. Voici les paroles de la véritable romance :