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souvenirs d’une actrice.

accompagné d’un gendarme, avait quelque chose de pittoresque. Le fait est que, s’il trouvait des cruelles, comme il s’en plaignait, il trouvait aussi toutes les femmes disposées à s’intéresser à son sort, et moi la première. J’éprouvais pour ce pauvre garçon un intérêt bien pur ; sa gaieté me faisait mal, quoique je ne pusse m’empêcher de rire de toutes ses folies.

Un jour qu’il m’avait tourmentée pour venir à un théâtre qui se trouvait au Palais-Royal, et où l’on ne jouait que des pantomimes, nous entrâmes, toujours accompagnés de son garde.

« Madame, dit-il, à l’ouvreuse de loges, nous sommes des jeunes gens qui échappons à nos parents pour venir au spectacle : ainsi, placez-nous bien, pas trop en vue. »

Il fut peu de temps après conduit à la Conciergerie ; fort heureusement c’était quelque temps avant le 9 thermidor. C’est là qu’il a écrit ses Mémoires d’un détenu.

Ce fut au mois de mai que l’on rendit ce fameux