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souvenirs d’une actrice.

auxquels ils avaient échappé, sur le courage et l’admirable dévouement de madame Louvet, Julie me présenta à ce couple charmant.

« — Voilà, leur dit-elle, une de mes amies qui avait un bien grand désir de vous voir ; elle a lu avec avidité le récit touchant de vos dangers, et n’a respiré que lorsqu’elle vous a vus sauvés. »

Louvet me fit un salut de la tête, accompagné d’un sourire qui voulait dire : « Tu croyais rencontrer un Faublas !... »

Je pense qu’il avait lu mon étonnement sur ma figure. On parla de nouveau de ce temps de malheur et d’alarme, et de la façon ingénieuse avec laquelle Lodoïska avait soustrait à la mort ce malheureux proscrit, ce qui finit par m’intéresser beaucoup, car Louvet était un homme d’esprit et de mérite, et sa femme, malgré son physique peu agréable, n’en était pas moins une personne remarquable. La maladresse de son mari fut d’en faire une héroïne de roman et de la peindre sous des couleurs si séduisantes, dans son Faublas ; s’il l’avait appelée tout bonnement madame Louvet,